Du 28 avril au 18 mai prochain, Christiane Peugeot a l’honneur d’accueillir dans sa galerie, l’association Ambire-Madrian et son évènement Déséquilibre consacré au développement durable : le portrait d’une création contemporaine sous influence japonaise. Après le succès rencontré il y a un an lors de sa précédente manifestation s’attachant à étudier les liens entre tradition et modernité unissant le peuple Inuit, cette association fondée par Romain Arazm et Victor Maille s’intéresse cette année aux formes de l’influence de la culture nipponne dans une production artistique française contemporaine. Déséquilibre est réalisée en partenariat avec Millenium Reciprocity, fondée par Maud Louvrier-Clerc, Pascal Quiles et Samy Rebaa. Son objectif est de valoriser les croisements entre Art contemporain et Développement durable et s’attache plus précisément à explorer le DESéquilibre. Des DESéquilibres esthétiques japonisants sont mis en regard avec des DESéquilibres économiques, climatiques… au travers de conférences transdisciplinaires. Autour d’une centaine d’oeuvres, il s’agira de mieux appréhender comment du déséquilibre peut naître un équilibre
Toujours en quête de découverte, l’association Ambire-Madrian s’intéresse à l’influence japonaise dans la production artistique française. Articulée autour d’un groupe de jeunes artistes trentenaires, cette influence prendre de nombreuses formes. Parmi elles les concepts d’équilibre et de déséquilibre, au centre des réflexions esthétiques nippones tant traditionnelles que contemporaines. Tandis que leurs médiums sont hétérogènes (peinture, gravure, sculpture, installation vidéo, danse) leur fin est homogène : l’harmonie esthétique, mystique, ontologique. Cette féconde bipolarité (équilibre/déséquilibre) inscrit au cœur même de tout processus créatif constitue le fil rouge d’un parcours constitué de près d’une centaine d’œuvres récentes réalisées par ces artistes « sous influence ». Celle-ci agit soit de manière consciente et réfléchie, soit de manière intuitive et inconsciente. Au-delà de la culture japonaise, l’œuvre d’art quelle qu’elle soit, nous semble en effet être le résultat visible d’une recherche d’équilibre intérieure. L’artiste, tel un Janus, est un être bicéphale. Celui-ci marche là entre deux hémisphères opposés mais complémentaires. Il regarde le passé pour se projeter dans l’avenir, il fait le vide en lui pour remplir son œuvre, il emploie de la matière pour créer de l’idée, c’est un homme explorant sa féminité. Les antagonismes fusionnent sous la surface apparemment lisse, unie illustrerait très simplement cette idée : l’équilibre d’un homme sur une bicyclette résulte des déséquilibrages alternés des coups de pédales. Le vélo, comme l’art, n’est donc pas linéaire. C’est ce développement méandreux qui s’incarne, in fine, dans l’œuvre d’art achevée.
Cette tension nourricière apparait en effet en filigrane de l’influence nipponne exprimée par différents médiums. Certains artistes sont japonais et vivent en France depuis de nombreuses années, c’est le cas d’Eijiro Ito (né en 1978). D’autres sont Franco-japonais et ont créé sous l’influence commune des deux traditions, tel est le cas de Izumi. Enfin d’autres artistes plasticiens français, comme Maud LC, se sont tournés très tôt vers « une culture si riche en valeur plastique et philosophique ». Enrichissant ce trio initial d’autres artistes et plasticiens explorent à leur façon cette influence en usant de leurs médiums favoris : Caroline Faiola en mêlant calligraphie et chorégraphie, Jisseo avec une installation, Alain Cazalis avec de la peinture, Sarah Hoyt en explorant le son et la vidéo, Pascal Goet en plongeant le spectateur dans un monde poétique et effrayant de la macrophotographie.
Romain Arazm, commissaire d’exposition